J’étais jeune, sortant de l’adolescence, mais sentant qu’il était important que j’accepte l’invitation, à devenir membre de ce groupe bienveillant, d’action et de réflexion.
Loyauté, sincérité, fidélité, honneur et respect se lisaient sur le blason de cette confrérie, aux symboles identiques figurants sur les drapeaux et boucliers de mes ancêtres chevaliers.
Règles strictes, confiance sans limite, monastères où des capes rouges et noirs hantent de sombres couloirs.
Consentement, adoubement, genoux à terre devant celle à qui je dois mêler mon sang, tranchant de la dague sur ma peau tendre et lisse, la taille rapidement, faisant de même sur celle promise à mon éducation, ma formation.
Pour toujours et à jamais.
Mes yeux dans les siens, nos corps nus collés l’une à l’autre, promesses de ne pas se blesser, ne pas tricher, garder ces souvenirs au plus proche de notre cœur, malgré les épreuves et les aléas de la vie.
Comme tout cercle discret, les activités ne peuvent être dévoilées, ni les rites, les soirées qui préparaient les futurs initiés.
Une faste cérémonie clôtura cet apprentissage, formation d’un autre âge.
Je n’ai jamais retrouvé ce calme, cette sérénité, le frisson qui me faisait vibrer, en rejoignant de nouveaux cercles privés, où nous célébrions la vie, l’amour, la femme et ses désirs infinis.
Mes recherches historiques mènent à des fausses directions, portes verrouillées, accès non autorisés. Amis et proches ont parrainé mes entrées, ont favorisé ma venue pour discuter, pour savoir si j’étais bien celui que je prétendais être.
Les renseignements et recoupements viennent souvent du même lieu, un de ceux spécialisés dans la sécurité rapprochée.
Étrange journée avec mon nouvel ami du moment, rencontré chez une dame de la Haute Cour de notre Société, qui après avoir posé cette cagoule sur ma tête, a demandé à son chauffeur de nous conduire en un lieu gardé secret.
L’accès à certaines archives privées, demandent une accréditation particulière, une de celles qu’il ne faut pas trahir, sous peine de finir six pieds sous terre, enterré vivant pour apprendre à se taire.
Il existe distractions et soirées, qui requièrent costumes et masques, en des châteaux et manoirs provinciaux, où discrétion et loyauté sont imposées, seule votre peau s’en trouvera marquée, par le passage griffé de belles dames qui viennent pour dompter.
L’ivresse de cette passion, ces sensations côtoyées, amis et charmantes compagnes avaient créés ce groupe, cette petite confrérie autour du plaisir de la vie, où règles repoussaient les interdits, tout en sauvegardant l’esprit du Chevalier protégeant sa Princesse.
Il me reste dague et chevalière, cape et souvenirs qui peuvent à la lumière être exposés, contrairement au contenu de tous les documents classés « Confidentialité ».