Patron l'addition
En attendant mon rendez-vous de 23H00, je vais aller me détendre au bar, pendant que les habitués seront rivés à la télé.
Elle m’attendra si j’arrive un peu en retard, mon bouquet de roses rouges et noires, lui fera changer son regard.
La lune est bien ronde ce soir, annonciatrice du changement de comportement dans ceux au caractère bipolaire, mines patibulaires.
Le café est bien animé, le bruit se perçoit en extérieur portes fermées.
Il fait vraiment soif pour aller s’enfumer, je vais calmer mon cerveau et le suspendre après mon entrée.
« But, Goal !! » tout le monde est déchaîné, je vais me frayer un chemin jusqu’au zinc pour me poser, les fesses en face d’une belle de nuit, brune de mon quartier.
« Alors chéri tu n’es pas chez ta régulière ce soir »
Elle est charmante sur son mètre 70, talons hauts, madame fume le cigarillo.
Sa cape noire cache sa sculpturale silhouette, seules ses cuisses en bas résilles sont visibles du public.
Je ne vais pas flamber sa chandelle, son parfum mélangé au mien ne seront pas du meilleur effet, à mon rendez-vous qui me semble bien lointain.
« Une blanche, patron ! Sans trop de mousse »
Je m’écarte de la tentation pour rejoindre la caisse, plus rapide sera ma sortie.
La première finie, je demande à nouveau son plein.
Deux nouveaux clients viennent d’arriver, s’installent bruyamment autour d’une table, l’un des deux ronchonne, hèle le patron férocement, qui s’approche pour calmer l’effronté, qui plonge sa main droite dans la poche de sa veste, en ressort parée d’un poing américain.
Le patron ne l’a pas vu venir ce coup droit dans l’estomac, ni sa reprise dans les ratiches, tout de même fortiche à ne pas s’effondrer avant la fin du round.
Le Boss esquive le prochain, puis décoche un coup de pied à semelle cloutée, son adversaire roule entre les tables sans déranger l’assemblée toujours collée à l’écran de la télé.
Il se précipite vers le patron en faisant tourner dans l’espace son poing, prend son élan pour le frapper à proximité du plexus, crochet, croche-pied, placage tous sont au menu de cette soirée animée, qui semble ne pouvoir se terminer, car aucun des combattants ne veut s’arrêter.
Le canon scié fait son apparition entre les mains de la taulière, qui en a marre de ce foutoir, qui va mettre au pas ces petits messieurs, Madame n'aime pas fermer tard.
« Pan » au plafond, celui qui est resté assis à la table, sort son pétard pour répliquer, histoire de ne pas se rendre sans résister, deux bastos se fixent dans le comptoir pendant que la bagarre se rapproche de la sortie.
L’ambiance du café est plongée dans le noir par l’intervention d’un étranger, permettant à ce duo d’agités de s’expulser du petit café, pour rejoindre son auto garée un peu plus loin dans la rue des Vinaigriers.
Le boss retrouvant ses esprits chope son calibre pour les fumer, lâchant ses bastos sur l’Audi blanche, qui file droit vers les quais, où Arletty et Jouvet ont fait leur ciné.
La lune ronde est à son apogée, il est temps pour moi de rentrer auprès de ma belle, qui elle me fera danser si j’arrive bien au-delà d’un petit retard dépassé.